Il est rare, pour les Hyliens, de croiser le chemin d'un Kokiri, comme il est rare pour un Kokiri de s'éloigner de chez sois. À la fois peureux et naïfs, ces derniers croient en un grand danger s'ils sortent de leur village pour s'aventurer sur Hyrule. Toutefois, semblerait-il que ce ne soit pas le cas pour toutes ces petites créatures aux allures d'enfants. Certains, parfois, osaient s'éloigner de leur petit confort pour s'aventurer dans la forêt dite perdue, mais ceux-ci se faisaient rares. La petite Zalia, âgée à ce moment d'à peine 5 ans, fût l'une d'entre eux, l'une de ceux qui osèrent s'éloigner de leur logis. Ce n'était, pour sa part, probablement qu'un triste accident.

Jeune, naïve, comme tous les Kokiri, la petite adorait jouer dans les hautes herbes, mais plus que tout, elle était curieuse et aimait s'aventurer un peu plus loin que les autres. Cœur léger, sifflant un air mélodieux, alors que le ciel brillait de ses étoiles, la petite fille jouait déjà depuis des heures lorsqu'elle se décida à faire quelques pas dans la forêt. Le son de sa voix, traversant les paisses feuilles de la forêt, furent les dernières mémoires de cette jeune perle, qui allait disparaître à jamais du village Kokiri.

Zalia, Zalia, celle que l'on nommait l'Enchanteresse des Fées, avait une voix qui enchantait tous les Kokiris, ainsi que tous les êtres vivants habitant la forêt. Sa voix était rare, disait-on, et on aimait la jeune Kokiri plus que tout. On se l'arrachait pratiquement, tous voulaient l'entendre chanter. Dès son jeune âge, c'est elle qui annonçait, de son chant, le levé du jour, puisque tous les matins, elle se partait cueillir des fleurs et fouillait tout le village à la recherche de jolis rubis. Elle était un précieux trésor que personne ne souhaitait voir disparaître. En fait, personne n'aurait cru la voir disparaitre un jour. Après tout, personne ne s'aventurait jamais bien loin, chez les Kokiris.

Ce ne fut toutefois pas le cas de la petite Zalia. Si elle était lève-tôt, elle entrait généralement à la maison lorsque le soleil commençait à se coucher. Ainsi, elle annonçait également le coucher du soleil, lorsque sa voix cessait d'enchanter le village. Ce soir là, elle fit exception à la règle sans même le vouloir. La lune était pleine, et le village très éclairé. De sa curiosité, la petite Zalia s'était rendu au pan de la forêt, tentant d'attraper des petits insectes qui y rôdaient. Le temps avait passé, le soleil s'était couché et l'Enchanteresse des fées laissait toujours sa voix bercer les habitants de la forêt. Sans comprendre en comprendre la raison, certains Kokiris l'observaient de loin un instant. Peut-être souhaitait-elle rester éveillée plus longtemps, ce soir. Tous les autres habitants vaguèrent rapidement à leurs occupations, sans se soucier de la petite, si ce n'était que de se laisser voyager à travers sa voix. La jeune Kokiri, qui était sur le bord de la forêt, vit à travers les branches des nombreux arbres, une lueur qui l'attira. Sans se poser de question, elle se dirigea vers cette mystérieuse chose qui brillait, laissant vaguer derrière elle un doux chant mélodieux...


La noirceur de la nuit, les ombres déformées des arbres et les craquements des feuillages se firent de plus en plus présents, tandis que la petite Kokiri s'avançait dans le bois perdu, lieux qui lui avait toujours été interdit. S’avançant soudainement plus lentement, avec beaucoup moins d'enthousiasme, elle finit par s'arrêter. Tournant rapidement sa tête d'un côté, puis de l'autre, elle s'aperçut enfin qu'elle s'était aventurée trop loin. Autour d'elle s'agitait sa fée Oovy, qui lui offrait une faible lumière violette et bleue. À cet instant, quand la panique la gagnait, elle regretta le choix de fée qu'elle avait fait - car oui, c'est elle qui a choisi sa fée, puisque plusieurs d'entre elles voulaient l'accompagner afin d'entendre sans cesse sa magnifique voix - puisque celle-ci était en fait un mâle, aux couleurs plus sombres et à la lumière moins puissante. Comme quoi son goût pour ce qui est rare ne lui fut point utile. Sans toutefois se laisser gagner par la peur, elle continua à s'avancer vers la brillante chose. Bien qu'elle s'en approchait beaucoup, elle n'arrivait toujours pas à voir de dont il s'agissait. Lorsqu'elle l'atteint enfin, elle se pencha pour l'attraper. Il s'agissait d'un large bracelet argent serti de pierres dorées. Dans la transparence de ces pierres elle put voir un dessin, quelque chose qui ressemblait à deux montagnes, une par dessus l'autre, avec entre elles, deux grands yeux. À cet instant même, un oiseau s'envola bruyamment, et prise de panique, la petite Zalia se mit à courir. Oovy lui criait de stopper, de changer de direction, mais la Kokiri se dirigeait sans réfléchir vers la musique qu'elle entendait au loin. S'il y avait de la musique, ça devait venir du village, probablement. Elle couru, couru jusqu'à en perdre l'haleine, et jusqu'à ce qu'elle se percute à un arbre. La musique était pourtant si près. Lorsque Zalia tomba au sol, elle perdit conscience rapidement, et la musique s'arrêta pour apporter un silence parfait. Seuls quelques bruits de pas venaient le briser.

Lorsque la petite Kokiri se réveilla, deux grands yeux rouges l'observaient, tandis qu'un rire se laissa entendre. La créature qui se trouvait devant elle la fascina et l'effraya en même temps. Semblable à un épouvantail, avec une bouche ressemblant à un bec d'oiseau, deux grand yeux rouges et un grand chapeau. Petit, tout comme les Kokiri. Elle l'observa un moment alors que celui-ci s'agitait dans tous les sens, dansait au son d'une flute, qui provenait d'un peu plus loin, d'où jouait une créature jumelle. Zalia les observa longuement, sans comprendre ce qu'ils étaient ni savoir quoi faire. Puis, elle se rappela des histoire qu'on lui racontait pour la dissuader d'entrer dans la forêt. Si elle ne se trompait point, ces deux-là étaient ce qu'on appelait des Skull Kids. Ceux-ci l'invitèrent à danser, mais Zalia s'enfuit rapidement, souhaitant simplement retrouver le village. Elle parcouru la forêt pendant des heures et des heures sans rien trouver. Le soleil descendait rapidement dans le ciel. Celui-ci était au crépuscule lorsqu'un morceau de terre vide d'arbre vit à ses yeux. Sans hésiter, elle s’élança en cette direction, quittant finalement la forêt. Lorsqu'elle leva la tête, cependant, elle ne retrouva pas son village bien aimé, mais une vaste plaine qui lui était inconnue. Désespérée, elle regarda la forêt de nouveau, mais déjà les ombres commençaient à se faire effrayantes. La petite commença à marcher en direction du mur qu'elle voyait au loin, souhaitant l'atteindre avant l'arrivée de la nuit. Ses pas étaient lords, elle était faible, au bout de ses forces. Lorsque le soleil tomba définitivement pour redonner place à la lune, Zalia en fit de même, tombant au sol, incapable de se relever. Elle ne prit que quelques secondes à s'endormir.

Il faisait chaud et sec, l'endroit était désagréable à la petite Kokiri. La sueur au front, des courbatures au dos, le puissant soleil pointant directement sur elle, la petite Zalia se réveilla désagréablement. Autour d'elle, les murs étaient en pierre beige, et le sol en sable. Une seule fenêtre, inatteignable, décorait la salle dans laquelle elle était - elle ne le comprit pas immédiatement - enfermée. La jeune fille n'avait désormais sur elle que sa tunique kokiri. Le bracelet, qu'elle avait trouvé et porté à son bras, avait disparu, comme son petit sac de rubis. De l'angle qu'elle était, elle pu voir par la petite fenêtre quelque chose flotter dans les airs. Il s'agissant d'un vieux drapeau rouge sur lequel se trouvait le même symbole que sur le bracelet qu'elle avait trouvé. Jeune et naïve, elle ne comprenait pas qu'elle avait fait une erreur, et qu'elle était désormais prisonnière d'une tribu hostile.

Cette jeune Kokiri, que l'on appelait Zalia, a hérité du nom de Wabaru Narooeil, et a été adoptée par la tribu Gerudo. Élevée par ceux-ci dès l'âge de six ans, elle devint rapidement une Gerudo digne de ce nom. De son allure d'enfant, on l'éleva à devenir une voleuse, puisque son apparence ne serait qu'un plus pour cette tâche. Cette jeune fille, autrefois nommée Zalia, avait délaissé toute envie de retrouver ses pairs, son village, son passé... C'est alors que je devins Wabaru. On m'avait si bien intégré à la tribu que je ne pouvais que ressentir une loyauté envers ceux-ci. Malgré mon apparence, je n'étais plus une Kokiri, mais bien une Gerudo. La seule trace de mon passé qui restait était Oovy, qui continuait à me suivre et me guider. Celui-ci fut bien obligé d'adopter ma nouvelle vie, et comme moi, s'adapta aux manières Gerudo. En tant que mâle, il n'était pas très bien vu, même s'il était fée. Je le défendis toutefois si bien que toutes les Gerudo finirent pas l'accepter et par lui accorder de l'importance.

Depuis l'âge de treize ans, il m'arrive régulièrement de quitter le désert pour me rendre dans les villages voisins. Là-bas, j'exécute mon devoir, celui de voleuse. Aux fins des Gerudo, j'accomplis les tâches que l'on me demande, tout en effectuant quelques vols pour moi-même. Dans la plupart des villages on me reconnait, mais non pas en tant que voleuse et encore moins en tant que Gerudo, mais bien en tant qu'artiste de rue, où je chante pour ensorceler les Hyliens si facilement dupés. Les Gerudos m'adorent, puisque je suis l'une des leurs mais particulièrement parce que je suis extrêmement douée pour les enrichir. Les Hylien m'adorent car je leur offre un divertissement incroyable, de ma voix qui les enchante tous.
Voici ce que Zalia est devenue, et ce qu'elle restera, surtout en ces temps incertains.